Promenade de santé dans la forêt de Morrières-Montrieux

“ C'est par un petit matin d'automne que je retrouve Vincent Blondel, guide naturaliste aux côtés d'une dizaine de participants. C’est parti pour « Plantes magiques, plantes qui guérissent » une balade bucolique dans le vallon de la Chartreuse de Montrieux dans le Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume. Vincent nous invite à ouvrir l’œil et nous promet de dispenser avec humour : secrets, croyances et anecdotes botaniques.  ”

Une forêt paisible qui s'éveille au rythme de nos pas

Pour débuter Vincent nous invite à saluer un chêne pubescent, une espèce très présente ici. Quel âge a-t-il ? questionne une participante. Entre 200 et 300 ans ! Il y en a plusieurs tout aussi monumentaux au sein du massif de la Sainte-Baume, à l’image du chêne des Pèlerins du côté de la Brasque (190 cm de diamètre !).

Guidés par le chant des oiseaux : rouge-gorge, Sittelle torchepot, geais, pic-vert... Nous pénétrons progressivement dans la forêt. Les rayons du soleil se frayent un chemin à travers les branches et percent le feuillage, laissant entrer une lumière douce et tamisée, le fameux Komorebi comme diraient les Japonais. Quelle ambiance sereine !

La nature, une vaste pharmacie à ciel ouvert

Vincent nous sensibilise à l’art de la cueillette. Pour le grand public, la cueillette est tolérée mais il faut être précautionneux, s’y connaître et ne pas toucher aux espèces protégées. Aucun risque avec notre guide formé à l’école médicinale des plantes de Lyon. Il nous rappelle que si se soigner par les végétaux est possible, l’automédication est à bannir, le diagnostic d’un médecin est primordial.

Nous suivons notre druide du jour qui nous invite à regarder, toucher et sentir les végétaux pour les reconnaître.Chacun prend note de leurs bienfaits et retient les idées de recettes. Mon carnet est plein et je ne cesse de me dire que la nature est pleine de surprises.

La salsepareille, une plante schtroumpfement bonne !

« Vous sentez cette bonne odeur sucrée ? » interpelle Vincent, « c’est la salsepareille !  Elle fleurit à l’automne et c’est la plante préférée des Schtroumpfs ! » On la reconnaît aisément grâce à ses feuilles en forme de cœurs. La « saleté pareille » ! rétorque un participant qui visiblement n’arrive pas à s’en débarrasser dans son jardin.

Si les baies sont toxiques (Gargamel s’en souvient encore) les Schtroumpfs ont bien compris que le reste était comestible. Les fleurs ont un goût de miel, les feuilles et racines ont quant à elles de nombreuses vertus (maladies de peau, rhumatismes). Décidément la nature nous cache bien des secrets !

Au détour d'une paisible clairière : la Chartreuse Notre-Dame de Montrieux 

Les cloches sonnent, l’oratoire annonce l’approche du monastère niché au cœur d'une clairière. Face à la hauteur des lieux, je me sens toute petite! Je me demande bien ce qui se cache derrière ! Le mystère restera entier, tout ce que l’on sait c’est que l'édifice abrite aujourd’hui une douzaine de Chartreux qui ont fait vœu de silence et poursuivent une vie de contemplation. Seule la chapelle Sainte-Roseline est ouverte au public. Dehors, on prend bien le temps d’admirer son architecture: Les jolies tourelles avec leurs chapeaux à écailles vernissées, Statue...

La mystérieuse recette de la Chartreuse

Vincent nous parle alors de la célèbre « liqueur de santé » élaborée par les Pères Chartreux en Isère. Elle serait composée de plus d’une centaine de plantes. Si on ne connaît pas la recette (conservée selon la légende dans un coffre et connue de seulement 2 moines) notre guide est persuadé qu’il y a de la mélisse !

Les restanques viennent d’être défrichées pour y cultiver les précieux végétaux. Vincent nous confie avec humour qu’il sera là, à observer de près, muni de ses jumelles pour percer les secrets de la recette !

Tout est bon dans l'aliboufier

Sur le chemin du retour, Vincent nous alerte sur une espèce rare, présente uniquement ici et en Asie : le Styrax Officinalis ou l’aliboufier pour les intimes. On suppose qu’ils auraient été ramenés d’Orient au Moyen Âge par un Chartreux qui les planta autour du monastère.

Les moines incisaient les troncs pour récupérer le storax (résine) et confectionnaient des baumes aux propriétés cicatrisantes et antiseptiques. Ils le brûlaient aussi comme encens dans les églises et ramassaient les graines de ses fruits à la coque très dure pour en faire des chapelets. C'est la fin de notre balade nature, je repars emplie de sérénité, le cœur léger mais le carnet lourd de savoirs!

Itinéraire de la balade

Précautions : Réservations obligatoires, Sortie soumise à ouverture des massifs du 15 juin au 15 septembre https://www.risque-prevention-incendie.fr/var/ .